Clémence Danit. Graphiste et enseignante : ou comment trouver sa liberté dans le freelancing

« J’ai besoin d’un rythme un peu plus décousu, d’avoir cette liberté qui me nourrit. Même si elle a un prix : l’incertitude, des revenus irréguliers et des échecs potentiels. »

Pitchez-vous…

Je suis graphiste freelance. Mon job ? Proposer des solutions graphiques pour répondre à des besoins d’identité visuelle, tels qu’un logo, et toutes les déclinaisons sur différents supports. Mon travail s’oriente beaucoup autour des caractères typographiques car je suis une vrai fan ! Et j’adore aussi travailler le papier, les méthodes d’impression plus artisanale. Par ailleurs, je donne des cours dans deux écoles à Bordeaux, Brassart et le campus Ynov. Dans l’une, j’ai des élèves débutant donc je développe plutôt une approche plastique du design graphique. Dans l’autre, les étudiants sont en alternance, et là, on travaille sur des projets tels qu’ils pourraient en avoir en agence. C’est chouette, ça se complète !

Pourquoi avoir créé votre activité ?

Depuis 3 ans je suis à mon compte en micro-entreprise. Mais comme j’ai fait toutes mes études en alternance, j’aborde ma dixième année professionnelle. C’est drôle parce qu’en le disant, j’ai un petit pincement de fierté et en même temps je me dis « Ha déjà ! »… Donc 5 années d’alternance passées chez Air France et à la Mairie de Mérignac qui ont été très formatrices. L’alternance, c’était un choix : prendre mon indépendance financière et envie de me confronter au monde du travail. Se lever tous les matins, savoir que tu es attendue à tel endroit et tu as des tâches à faire, c’est quand même très formateur à 20 ans.

Et puis, dans ma dernière année d’étude, j’ai eu une opportunité avec une marque d’agroalimentaire bio qui m’a confié une mission. Ça se passait bien mais j’avais quand même cette petite musique qui résonnait en moi « Trouve un travail salarié pour plus de sécurité ». J’ai donc répondu à des sollicitations et passé des entretiens. Et l’une des boites m’a proposé un CDI. Quand il a été question de signer le contrat, j’ai paniqué ! J’ai compris à ce moment-là que je ne voulais pas redevenir salariée. J’ai compris que faire tous les jours la même chose, aller tous les jours au même endroit, voir les mêmes personnes, prendre le même tram à la même heure… Tout ça, j’ai compris que ça me rendait malheureuse. C’était pas pour moi.

J’ai besoin d’un rythme un peu plus décousu, d’avoir cette liberté qui me nourrit. Même si elle a un prix : l’incertitude, des revenus irréguliers et des échecs potentiels. Mais je sais que cette vie me convient actuellement. Je peux me le permettre aujourd’hui. Peut-être que demain ce ne sera pas le cas.

 

Qu’est-ce qui vous embête le plus aujourd’hui ?

Que ça ne marche pas ! Que cette vie actuelle ne s’avère plus compatible et que je finisse par devoir prendre un boulot de salariée. Mon cauchemar ! Donc, je mets tout en œuvre pour ne pas me retrouver dans cette situation. Pour autant, s’il fallait le faire je le ferais… Mon autre crainte, c’est de livrer un travail et que le client ne soit pas satisfait. J’ai déjà eu une mauvaise expérience. C’est devenu une appréhension. Du coup, maintenant je fais très attention à qui j’ai en face de moi avant de prendre une mission. Et si je ne le sens pas, je n’y vais pas. Et enfin, dernière chose, mais c’est pour plus tard si je devenais parents… Je crains l’incertitude financière, le manque de temps pour tout faire… Je n’ai pas encore pris de prévoyance complémentaire car mes revenus sont trop irréguliers. Mais il faudrait que je me renseigne pour me rassurer.

 

Qu’est-ce qui vous faciliterait la vie ?

Avoir mon propre espace de travail ! Je bosse de chez moi dans le salon. Et une pièce dédiée comme un atelier, j’aimerai bien ! Il m’arrive d’aller à l’extérieur mais je travaille mieux chez moi. Donc, quand je le fais c’est davantage pour aller à la rencontre des autres. Et c’est un truc qu’il faut que je fasse davantage cette année. L’autre axe d’amélioration dans mes activités, c’est d’arriver à mieux équilibrer mon temps consacré au freelancing et celui dédié à l’enseignement. J’adore donner des cours, mais ce qui me nourrit, c’est de produire des choses, de créer. Donc, ce qui me faciliterait la vie, ce serait de davantage anticiper les périodes où j’ai moins de cours avec des missions de clients.

 

>> Découvrir le travail de Clémence
sur Instagram  sur Behance


Suivre Clémence sur LinkedIn

 

© Léa Moreau

partager sur